Journal du 20 mai

Quand je pense que je m'apprêtais à battre mon record de temps passé sans faire de bêtise, il a fallu que la malchance et la contribution d'un neurone à deux pattes me fassent trébucher du podium de la victoire ! J'étais si près du but ! Mais cela, c'était avant les évènements de la nuit dernière.

Alors que le soir semblait nous faire comprendre qu'il était temps d'aller rejoindre les bras de Morphée, Indy, juste avant d'aller se coucher, alla placer une bouillotte sous mon plaid pour qu'elle me tienne chaud jusqu'au matin ...

(Pour rappel, ces jours-ci le printemps se prend pour l'hiver et la température extérieure n'excède pas les huit degrés. Indy a finalement trouvé une astuce pour parer à l'absence de chauffage (de ville, donc coupé pour la saison) et éviter que je me gèle les coussinets : ICI). 

... Je reconnais que je fus séduite par cette idée bipédienne ingénieuse et comblée de pouvoir m'endormir sur un plaid douillet et chauffant.

J'ignore s'il faut y voir un lien de cause à effet, mais cette nuit là, j'enchaînai des rêves de chasses effrénées à la poursuite de proies que je n'arrivais jamais à atteindre. Je m'agitai tellement fort dans mon sommeil que le plaid glissa et mes griffes allèrent se planter dans la bouillotte que je pris pour un pigeon !

C'est à ce moment précis que la situation devient critique : me trouvant dans l'impossibilité de rétracter mes griffes et donc de les extirper de cette satanée bouillotte,  je me mis à bouter des pattes arrières. Après quelques tentatives infructueuses, je parvins à m'en dégager. Mon soulagement fut de courte durée et fit place à l'effroi alors que je regardai, impuissante, trois filets d'eau jaillir du caoutchouc que j'avais perforé. 

Une petite flaque se forma rapidement sur le bureau et mon plaid se transforma en zone marécageuse. Si je n'agissais pas, le bureau allait vite se retrouver inondé et l'ordinateur d'Indy aussi.

Je sonnai l'alerte, mais sans aucun résultat. Mes miaulements ne réveillèrent pas Indy qui, visiblement, avait dû se faire assommer par un troll onirique. Je passai au plan B et imprimai une patte mouillée sur sa joue en signal d'urgence.

Indy se réveilla en sursaut et se mit à courir partout dans l'appartement guidée par deux seuls mots clés : "fuite d'eau".

Lorsqu'elle découvrit la bouillotte percée, l'eau sur le bureau et son ordinateur sain et sec, elle fut presque soulagée. Fatiguée, elle s'empressa de nettoyer les dégâts et retourna se coucher sans une réprimande à mon égard, ni même un regard.

Il était évident que le lendemain matin, une mise au point serait nécessaire ...

Eirwena - Alors ? Il est sec mon plaid ?

Indy - Tu ne trouves pas que tu exagères ! Après ce que tu as fait, tu trouves encore l'audace de réclamer !

Eirwena - Non, méou sac à cheveux ! Est-ce ma faute si il y a eu négligence ? Hmm ?

Indy - Négligence ?

Eirwena - Si hier tu n'avais pas oublié d'épointer mes griffes, on n'en serait pas là. Et puis je suis certaine que cette bouillotte n'est pas certifiée ISO féline, vu l'épaisseur !

Indy - Oui, enfin, tu n'y as pas été de patte morte !

Eirwena - C'est la faute du pigeon ! J'ai tellement eu de mal à l'attraper dans mon rêve que quand j'y suis arrivée, je n'ai pas voulu le lâcher pour pouvoir le plumer tranquillement. Je ne pouvais pas deviner qu'il allait se transformer en bouillotte !

Indy - ?